Le lac de Fenestre,
le col de Fenestre,
le Pas des Ladres,
la Tête de l'Agnellière
Trajet auto
De Nice, prendre la plaine du Var. Tourner à droite, direction St Jean la
rivière. Continuer jusqu'à St Martin Vésubie. Dans la ligne droite du village,
prendre à droite, direction "Madone de Fenestre".
S'arrêter au terminus de la route (la route décrit une boucle, qui fait
office de parking: on gare au bord).
Total: environ 75 kilomètres, moins d'1h30 de route.
Trajet pédestre
De la balise 357 du conseil général, on monte en suivant le large sentier
derrières les bâtiments de la Madone de Fenestre (1903m d'altitude).
Le sentier (portion du GR52) évolue dans un paysage de rocailles et pelouses
alpines (quasiment aucun arbre).
Après moins d'une demi-heure de marche, à l'emplacement de la balise 368, on
laisse sur notre gauche la montée au Pas des Ladres (qui est la suite du GR).
On continue pour atteindre le lac de Fenestre (une bonne demi-heure
supplémentaire).
Le lac de Fenestre, pas très grand (mais assez allongé), au pied d'éboulis rocheux, est loin d'être le plus remarquable du Mercantour. A connaître cependant. Le lac est à 2266m d'altitude.
Le sentier continue et grimpe en lacets jusqu'au col de Fenestre (2474m). Au cours de la montée, on passe à côté de deux blockhaus en forme de tourelles, et d'un baraquement militaire en ruine. Juste avant le col de Fenestre, à l'emplacement de la balise 369, se détache à gauche un large sentier menant au Pas des Ladres. Compter 1/2h pour aller du lac au col.
Le col de Fenestre marque la frontière entre la France et l'Italie (borne
avec F 1989 d'un côté et I 159 de l'autre). La vue n'a guère progressé
côté français; on découvre par contre l'Italie, mais l'angle de vision
n'est pas très ouvert en largeur. De plus, le vallon italien et les
montagnes proches ne sont pas exceptionnelles. Par contre, la vue est
capable de porter très loin par temps clair: Viso, Mont Rose et Cervin!
Toujours des aménagements militaires; ouverture creusée dans la roche,
grand baraquement côté italien. De nos jours, l'endroit est heureusement
abandonné par les soldats; par contre, le col est fréquenté par de
nombreux et pacifiques chamois. C'est aussi un des meilleurs endroits du
Mercantour pour observer facilement des bouquetins, pourtant assez
rares dans le massif. Si les mâles bouquetins se distinguent aisément
des chamois (grâce notamment à leurs grandes cornes), on peut plus
facilement confondre les deux espèces lorsque l'on a affaire à des femelles
et à leurs petits. Le bouquetin a cependant un pelage plus foncé, et une
allure plus trapue que le chamois.
Passage aussi de nombreux oiseaux, le col est apparemment un lieu de
passage de migrateurs.
Prendre le temps de bien observer autour de soi, en particulier sur les contre-haut du col où les animaux pointent leur nez, même lorsqu'il y a beaucoup de randonneurs.
On revient un peu sur ses pas, jusqu'à la balise 369, et on suit le chemin menant au Pas des Ladres (2248m); succession de petites portions de montée et de descente, en environ une demi-heure de marche. Ce sentier est la version moderne et large d'un petit passage utilisé jadis par les contrebandiers. Arrivés d'Italie avec leur chargement, les colporteurs voulaient éviter de passer au poste frontière de la Madone de Fenestre. Donc, du col de Fenestre, ils rejoignaient le pas des ladres (voleurs) puis descendaient en France côté Boréon. La vie des colporteurs n'était pas souvent facile; travail pénible de transport, et vie dangereuse, à cause des dangers de la montagne (le côté Boréon du Pas des Ladres est d'ailleurs gelé une longue partie de l'année), et à cause des douaniers (dont certains n'hésitaient pas à tirer sur les contrebandiers).
Le Pas des Ladres est différent du col de Fenestre: la vue porte beaucoup moins loin, mais le premier plan est beaucoup plus joli. Juste à nos pieds, le magnifique lac de Trécolpas (avec sa petite île), le Haut Boréon, quelques sommets (dont la Tête de la Ruine, aux roches un peu rougeâtres). On ne voit cependant pas la Cougourde ni le refuge homonyme.
On retrouve ainsi le GR, qui descend en lacets vers la Madone de Fenestre (en rejoignant notre itinéraire d'aller à la balise 368). Mais il est un peu dommage de rentrer aussi rapidement; après juste quelques mètres de descente, alors que le GR tourne à gauche dans un virage, on continue tout droit et on remonte la crête en direction de la Tête de l'Agnellière (pas de panneau de bois indiquant la direction, pas de balisage, mais sentier très nettement visible).
A mesure que l'on monte vers l'Agnellière, le sentier permet d'observer de façon grandiose le Gélas, qui domine le lac de Fenestre (vu sur toute sa longueur). Par moments, la vue s'ouvre sur le Haut Boréon. Finalement, le sentier évolue sur un large replat, passe juste à gauche d'un poteau alimenté par un panneau solaire (je ne sais exactement le rôle de ce poteau; sans doute pour des télécommunications).
Guère après le poteau, après environ 3/4 d'heure de marche depuis le Pas des Ladres, le sentier s'apprête à redescendre. On le quitte alors pour prendre orthogonalement à droite une sente qui conduit en une dizaine de minutes au sommet proprement dit, une sorte de pointe, assemblage de roches tourmentées (2699m). Cette sente est balisées de petits cairns qui indiquent quel est le meilleur passage dans le chaos rocheux; ce n'est plus à proprement parler de la marche sur sentier, mais de la petite escalade sur des blocs rocheux, en s'aidant quelquefois des mains (mais rien à voir avec de l'alpinisme).
La vue du sommet de l'Agnellière est remarquable: paysage dégagé sur 360 degrés; haut sommets au nord, paysage plus vallonné au sud, avec des enchaînements de vallées d'un bleu de plus en plus clair (naturellement, on doit aussi voir la mer, même la Corse, mais par temps très clair). Eléments remarquables, toute la ligne de crête, à nos pieds, qui relie le pas des Ladres au col de Fenestre; naturellement, le Gélas, point culminant du parc du Mercantour, avec ses homologues dépassant les 3000m d'altitude: Clapier et Malédie. Près de nous, tout le Haut Boréon, avec le côté "Cougourde" (cette fois, le refuge jaune est visible, mais on ne voit plus le lac de Trécolpas), et le côté "Salèse". Elément remarquable aussi, le Mounier, la station de la Colmiane. Difficile de recenser tous les magnifiques endroits que la vue permet d'embrasser.
De retour au sentier, on continue pour descendre côté ouest, sur une crête
herbue qui descend puis remonte jusqu'à la cime de Piagu (nous n'irons pas
si loin).
Le sentier évolue de façon un peu étroite et accidentée dans des rocailles
(petits cairns pour indiquer le passage). Après environ une demi-heure de
descente, le sentier se fait plus large et laisse la place à des pelouses,
tandis que l'on franchit un petit col (Collet de Juisse). A l'approche du
collet de Juisse, on est juste en face du haut Boréon, endroit d'un cachet
tout à fait particulier dans les alpes, à la beauté exceptionnelle.
Après le Collet, on remonte légèrement puis on redescend sur une zone
maintenant très large d'alpages surpâturés par les moutons. Le sentier
n'est plus toujours très nettement visible, ni les cairns très nombreux,
mais cela n'a pas beaucoup d'importance: la descente se fait très bien au
jugé.
En appuyant bien à gauche, on finit par déboucher (1/2 heure environ après
le collet de Juisse) au surplomb d'une balise conseil général. En descendant
alors à flanc de prairies, on débouche alors sur celle-ci: balise 429,
qui permet soit de monter à droite vers le Pisset et le Pas des Roubines,
soit de descendre vers Vastières de Fontan, soit de descendre vers la
Madone de Fenestre. On choisit naturellement la troisième option.
Le sentier évolue un moment à altitude fixe, longeant les balises vertes marquant le bord du parc du Mercantour. Puis le sentier se met à descendre, on retrouve des arbres, et on arrive à la balise 356, à l'extrémité ouest de la boucle-parking de Fenestre. Compter environ une heure de marche pour aller de la balise 429 à la balise 356 (avec des pauses, 2h30 depuis le pied de l'Agnellière).
Au total, une randonnée un peu longue mais tout à fait remarquable. Une version abrégée consiste à rentrer directement au col de Fenestre depuis le Pas des Ladres.